BIOGRAPHIE
Malo Legrand ancre sa pratique artistique dans une attention fine aux paysages, aux matières et aux gestes. Après quatre années de peinture comme espace de recherche, un bouleversement intérieur — nourri par l’urgence climatique, sociale et politique — le pousse en 2019 à quitter l’institution. Il suspend alors le geste pictural pour s’immerger dans des pratiques liées à l’horticulture, en quête d’un ancrage plus direct au vivant.
Ce détour devient fondateur. Plutôt que de représenter le paysage, il cherche à l’habiter, à le comprendre de l’intérieur. Le mot « invention » — du latin invenire, « trouver » — devient clé : découvrir par l’expérience, l’observation, l’immersion. Une démarche s’esquisse, dans laquelle la création est un lien, un langage entre l’humain et la nature, une manière d’interroger notre rapport au monde.
Sa photographie s’inscrit à la croisée du documentaire et de la poésie visuelle. Elle capte les formes organiques, les paysages en mutation, les fragments du quotidien — une clôture rouillée, une fleur éclatante, une façade rocheuse. Le détail y supplante souvent le spectaculaire. Son regard révèle l’esthétique du banal, la puissance du discret. Il privilégie la lumière naturelle, les textures brutes, les géométries spontanées du réel.
Aujourd’hui, la terre et la céramique occupent une place centrale dans sa pratique. Il prélève, transforme, modèle, dans une temporalité lente, à rebours des logiques industrielles. Travaillant principalement le grès, il joue avec les engobes, les émaux, les textures, pour faire émerger des formes hybrides — entre reliques, outils rituels et modules organiques. Chaque pièce semble habitée, chargée d’un usage oublié ou d’un avenir à imaginer. À la croisée du quotidien, de l’archaïque et du contemporain, son travail explore les frontières entre l’objet, la sculpture et le rituel.
Depuis 2025, installé au château de Kerminy — lieu collectif mêlant résidences artistiques et expérimentations agricoles — il cherche à « empaysanner » sa pratique : inscrire la création dans un territoire, tisser des liens entre art et pratiques durables. Son œuvre devient alors un outil de transmission, un art du commun, enraciné dans la terre, le temps et les gestes partagés.